Histoire

Carte postale ancienne du marché de Gif.

Moyen-âge : village attesté depuis le IXe siècle

Gif fut très tôt un bourg séduisant, au carrefour des routes de Paris-Versailles-Chartres et celui du chemin de Saint-Jacques de Compostelle.

De bonne heure dans cette zone géographique, on cultive quelques vignes surtout sur les coteaux, le reste était constitué des terres labourables et de prairies, particulièrement près de la rivière Yvette. 

Le terme de " Gif " semble correspondre à un changement de propriétaire par suite d’une saisie sur le vif ou vente forcée dans le vocabulaire des Lombards ou du bavarois. Au XIe siècle, on écrivait " Wif " ou " Guif ".

La communauté d’habitants se réunit autour de son église, dont la construction remonte aux VIIe et IXe siècles, et de l’abbaye bénédictine Notre-Dame du Val de Gif dont l’existence est attestée dès le XIIe siècle.

Les blasons de Gif

En 1957, Gif décide de se doter d’un " symbole communal ", reprenant les anciennes armoiries de l’abbaye Notre-Dame du Val de Gif définies ainsi au XVIIe siècle : " D’azur à trois fleurs de lys d’or et une tête de reine d’argent couronnée d’or posée entre les deux fleurs de lys du chef ". La figure féminine serait celle de la fondatrice de l’abbaye, une princesse de la famille royale à l’époque carolingienne.

En 1982, la commune, souhaitant moderniser son blason, choisit de confier le projet à l’artiste Pierre-Yves Trémois. Celui-ci reprit le visage de la princesse de profil ainsi que la fleur de lys et la couronne d’or, symboles de la royauté.
Le regard de la princesse se pose sur les deux chaînes entrecroisées de l’ADN, qui illustrent la vocation scientifique de Gif ; le tracé des chaînes de la vie, sinueuses et paisibles, représente les cours de l’Yvette et de la Mérantaise. Les couleurs de l’héraldique sont rigoureusement respectées : l’azur (le bleu), l’or (le jaune), et l’argent (le blanc).

Époque moderne : un petit village à moins d’une journée de cheval de Paris

Au XVIIIe siècle, les seigneurs de Gif sont alors les familles Mérault, puis Débonnaire.
En 1754, Claude Mérault entame la construction du château de Button, qui sera terminée en 1771. Il fait également établir un plan terrier.
La Révolution voit la création d’une municipalité. Son premier maire est Jean Breton.

Période contemporaine : les équipements se multiplient

À partir du XIXe siècle, les lavoirs, marché, hôtels, adduction d’eau, école sont bâtis.
L’inauguration de la gare de Gif a lieu le 26 août 1867.

La ligne de Sceaux

Créée en 1844, la ligne de Sceaux a joué un rôle essentiel dans le développement de Gif.

Imaginée par l’ingénieur Jean-Claude-Républicain Arnoux pour tester un tout nouveau modèle de train articulé, cette petite ligne expérimentale est d’abord destinée à desservir, depuis la Barrière d’Enfer (actuelle gare Denfert-Rochereau), la région de Sceaux. Avec neuf départs par jour dans les deux sens sur une distance de 11 kilomètres parcourus en 30 minutes, elle connut un succès immédiat. Prolongée de Bourg-la-Reine jusqu’à Orsay en 1854, elle sera étendue jusqu’à Limours via Saint-Rémy-les-Chevreuse en 1867. En 1895, elle pénètre un peu plus dans Paris jusqu’à Luxembourg.

En 1862, la municipalité de Gif réclame la création d’une gare, qu’elle obtient un an plus tard, après de longues tractations quant au tracé de la voie. La gare de Gif est inaugurée le 26 août 1867, véritable évènement dans la vie communale qui redynamise l’économie locale. En 1897, une halte est construite à Courcelle.

Dédiée à l’origine au transport de marchandises et notamment des pavés dont Paris a alors grandement besoin, cette liaison ferroviaire permit aux Parisiens de profiter des charmes de la vallée de Chevreuse et d’y acquérir des résidences secondaires. Elle encouragea également la construction des premiers lotissements à partir des années 1920.

Électrifiée en 1937-1938 et rattachée à la CMP* (devenue la RATP en 1948), elle voit son trafic croître sans cesse à mesure que s’urbanise la vallée de Chevreuse. En 1977, elle devient la Ligne B, intégrée désormais au réseau express régional.

*Compagnie du Chemin de Fer Métropolitain de Paris

Jusqu’au XXe siècle, le village voit son activité centrée sur la vallée de la Mérantaise, affluent de l’Yvette. Les plateaux (Moulon au nord et Hurepoix au sud) pratiquent la culture céréalière.

Depuis la fin du XIXe siècle, la vallée de Chevreuse attire de nombreux Parisiens. Ils viennent construire de belles demeures ou profitent des lotissements naissants pour y établir leur résidence secondaire.
En 1930, " Gif " devient " Gif-sur-Yvette " par décision du conseil municipal.

L’Yvette au fil de l’eau

Pendant des siècles, l’essentiel de la vie giffoise est resté centré sur les fonds des vallées de l’Yvette et de la Mérantaise et leurs coteaux. Par son débit, l’Yvette est la plus importante des deux rivières, étirant ses méandres dans une vallée plate et ouverte qu’elle s’est taillée au fil du temps. Elle entre dans la commune par le hameau de Courcelle, à l’altitude de 66 mètres et en sort à 60 mètres, après environ 4,6 km de course, pour traverser Bures.

Autrefois, l’Yvette irriguait prairies et cultures et voyait s’animer trois moulins, ceux de Courcelle, de Jaumeron et de l’Abbaye, implantés sur ses berges.
À partir de la fin du XIXe siècle, la vallée devient très prisée des Parisiens qui en font un lieu de villégiature ; on pêche le long de l’Yvette, on s’y baigne ; en 1930, Gif s’adjoint la rallonge " -sur-Yvette " pour rimer avec guinguette, comme pour donner au village une image festive et une fraicheur champêtre.

L’Yvette et ses affluents constituent un lacis très chevelu particulièrement sensible à la pluviométrie qui affecte les hauts plateaux qui l’entourent, si bien qu’avec l’urbanisation croissante, cette rivière d’aspect si paisible est fréquemment sortie de son lit, provoquant des inondations souvent spectaculaires. En 1957 est décidé l’aménagement du bassin de retenue sur la Mérantaise. Quant aux bassins de Bures et de Coupières, ils verront le jour à la suite de la crue désastreuse de 1966.

La volonté de discipliner l’Yvette est ancienne.
Dès le XIe siècle, l’entretien des rivières et la circulation de l’eau font l’objet d’interminables suites d’ordonnances, d’arrêtés, d’édits, de lois et de règlements ; en 1832, une ordonnance du Roi Louis-Philippe établit un véritable règlement des eaux de la rivière Yvette et institue la création d’un syndicat chargé de son application, l’ancêtre de l’actuel SIAHVY* crée en 1945.

*Syndicat Intercommunal pour l’Aménagement Hydraulique de la Vallée de l’Yvette.

L'entre-deux guerres : les premiers lotissements

L’entre-deux guerres est marqué par un développement urbain sans précédent à la périphérie de Paris, extension favorisée par le chemin de fer qui facilite les déplacements.

Les premiers lotissements apparaissent à Gif entre 1920 et 1926 alors que la commune n’est qu’un village rural d’un millier d’habitants peu développé, composé d’un bourg et de nombreux hameaux dispersés.
Cet habitat d’un genre nouveau, pavillonnaire, dense, aligné sur un large espace, accessible à des populations modestes, va changer la physionomie de Gif qui s’urbanise et se transforme en commune résidentielle, profitant ainsi de l’engouement des parisiens pour la vallée de Chevreuse.
Les premiers lotissements construits sont ceux de Belleville (" Domaine de Gif ") sur le plateau, des Coudraies, de la Croix de Fer, des Roches, Madrid et la Prairie de Courcelle à l’ouest, puis, à partir des années 1930, le Clos-Fleuri, la Fèvrie et le Clos Rose.

Attirée par des prix attractifs et une publicité alléchante, une population nouvelle, jeune, étrangère ou provinciale, s’installe dans des petites maisons de fortune. Toutefois, les difficultés apparaissent très vite en raison de l’absence d’infrastructures et d’aménagements qui n’étaient pas prévus par les lotisseurs, souvent peu scrupuleux. Les lotis se regroupent alors au sein d’ASA*, dont l’engagement actif leur permet d’être enfin entendus.
Le " Domaine de Gif " à Belleville est le lotissement qui a connu le plus de problèmes : viabilité, alimentation en eau potable, écoulement des eaux usées et pluviales, électricité et éclairage, proximité des carrières source de nuisances…

Au sein de ces lotissements, une sociabilité se développe entre les habitants. Des fêtes nombreuses rythment la vie quotidienne ; les cafés, lieu convivial et facteur d’intégration, fédèrent ces populations, les plus populaires étant ceux de Belleville et de Courcelle.

* Association Syndicale Autorisée.

Époque récente : la vallée de la Science

En 1907, l’ingénieur Jacques Danne, à la demande de Pierre Curie, installe aux Coudraies son laboratoire de recherche pour mettre au point des méthodes de raffinement du radium dans le cadre de la " curithérapie ", permettant de soigner le cancer. Le laboratoire attire les chercheurs français comme étrangers. Les projets de Danne connaissent une croissance importante et ses travaux se poursuivront après sa mort jusqu’en 1963, date de la fermeture du laboratoire.

Entretemps, au village, le propriétaire du domaine de Button, Jacques Noetzlin, vend en 1946 à son ami Frédéric Joliot-Curie alors directeur du CNRS, sa propriété constituée d’un immense parc, de terres cultivables et d’un château. Le Centre National de la Recherche Scientifique, né d’une volonté de l’État de relancer les sciences de la vie, notamment la génétique, implante alors ses unités de recherche sur les terres giffoises.

En 1946, Joliot-Curie prend la direction du Commissariat à l’Énergie Atomiquequi s’installe non loin de là, sur le plateau de Saclay. Ingénieurs, chercheurs emménagent dans des logements construits pour eux à Gif ainsi qu’au château du Val Fleury, propriété du CEA à partir de 1947.

L’installation de l’Université Paris-Sud et de grandes écoles scientifiques à Orsay et à Gif, la construction du Synchrotron Soleil à Saint-Aubin, l’aménagement du quartier de Moulon, viennent consolider la vocation scientifique du Plateau de Saclay et de la Vallée de Chevreuse.