Ligne 18 : 
la réponse des maires

David Ros, maire d'Orsay, Michel Bournat, maire de Gif, Grégoire de Lasteyrie, maire de Palaiseau et Nicolas Samsoen, maire de Massy
Les quatre maires des villes de Gif, Massy, Orsay et Palaiseau répondent ensemble au report de la ligne 18 annoncé par le Premier Ministre Édouard Philippe .

Le 22 février 2018, le Premier Ministre Édouard Philippe annonçait officiellement le report de trois ans de la mise en service de la ligne 18 du Grand Paris Express.
Prévue initialement pour desservir le plateau de Saclay en 2024, celle-ci devrait  fonctionner finalement à partir de 2027.

Les quatre maires des villes directement concernées par la ligne 18, Michel Bournat pour Gif, Nicolas Samsoen pour Massy, David Ros pour Orsay, Grégoire de Lasteyrie pour Palaiseau  ont décidé de publier, dans leur magazine municipal respectif du mois d’avril 2018, une double page commune sur le sujet, dénonçant les conséquences de cette décision et de ce retard pour notre territoire, la communauté d’agglomération Paris Saclay (CPS).

Michel Bournat

Maire de Gif et président de la Communauté d’agglomération Paris-Saclay

Le Gouvernement vient d’annoncer le report de la Ligne 18 du Grand Paris Express au plus tard en 2027. Quelle est votre réaction face à cette décision ?
Cette décision est un coup dur pour notre territoire. Ce choix est décevant. Le premier tronçon de cette ligne doit relier Orly au Christ de Saclay et 5 gares sont sur le territoire de l’agglomération : Massy Opéra, Massy gare TGV, Palaiseau, Orsay-Gif et Christ de Saclay. En reportant la mise en service à 2027, le Gouvernement affaiblit un projet initié par l’état et soutenu par trois Présidents de la République successifs. Après des annonces de livraison en 2020, puis en 2024 et maintenant en 2027, c’est la parole de l’état qui n’est plus crédible. La confiance entre partenaires pour porter des projets aussi structurants que l’aménagement du plateau de Saclay est nécessaire ; elle est aujourd’hui rompue.
Il n’y a pas d’arguments sérieux justifiant le report. L’argument-clé est la dette de la Société du Grand Paris ; l’impact de la Ligne 18 représente 300 millions, c’est-à-dire une somme significative certes mais qui doit être mise en perspective de la richesse économique créée qui sera très nettement supérieure.

Quelles suites comptez-vous y donner ?
Nous avons clairement indiqué au Préfet de la Région Ile-de-France qui a réuni les élus, qu’à nos yeux cette décision affaiblit le campus universitaire, retarde le développement économique et exaspère nos habitants qui subissent des contraintes fortes en termes de mobilités automobiles ou transports en commun. Les maires des communes directement concernées par cette décision travaillent de concert pour revoir le calendrier des opérations ; certaines sont en cours, donc irréversibles, et d’autres peuvent être différées. Nous devons agir avec discernement pour ne pas affaiblir davantage le cluster, mais nous devons prendre en considération les contraintes de mobilités. En 2020/2021, nous serons dans une phase critique en termes d’accessibilité. Nos habitants ne devront pas être les otages de cette décision.

Quelles solutions pour nos concitoyens en 2018 ?
Nous avons demandé que des mesures soient prises pour améliorer la situation actuelle : l’état doit assumer les conséquences de sa décision. En juin, à l’issue de plusieurs réunions, nous serons en mesure de connaitre les propositions d’actions nouvelles envisagées par les services de l’état. Il n’y a pas une solution “ miracle ” susceptible d’être mise en œuvre rapidement. En revanche, il y a peut être plusieurs actions pouvant être réalisées qui, globalement, permettront de remédier en partie aux difficultés. Des groupes de travail sont constitués pour réfléchir et imaginer ces pistes d’actions. L’état devra dans tous les cas contribuer financièrement à la réalisation des solutions possibles. Il n’appartient pas aux collectivités d’assumer les conséquences d’un choix qui leur échappe et qui relève d’une Opération d’Intérêt National.

Nicolas Samsoen

Maire de Massy et vice-président 
aux Finances de la Communauté d'agglomération Paris-Saclay

“ La décision de reporter à 2027 la Ligne 18 aura évidemment un impact sur l’implantation d’entreprises sur le Plateau de Saclay. Or, toutes les recettes économiques sont mutualisées à l’échelle de l’agglomération. Cette décision met sous contrainte nos finances et, in fine, notre outil commun pour financer les projets des communes. Il s’agit donc d’une très mauvaise décision pour l’ensemble de l’agglomération. Mais nous devons aussi regarder au-delà de nos frontières. à l’heure où la volonté est de faire du territoire de Saclay, une Silicon Valley à la française, le report de la ligne 18 est dramatique. Comme citoyen engagé, je pense  que cette décision est un mauvais coup porté à la Recherche française et donc, à tout le pays. ”

Grégoire de Lasteyrie

Maire de Palaiseau  et vice-président à l’Aménagement et à l’Attractivité Territoriale de la Communauté d’agglomération Paris-Saclay

“ Cette annonce est une grande déception pour les dizaines de milliers de Franciliens qui vivent, travaillent ou étudient sur le plateau de Saclay mais aussi pour tous ceux qui se battent pour le projet depuis son origine. Car cette ligne est aussi essentielle pour la desserte quotidienne de nos communes que pour le rayonnement à l’international du cluster. Qu’il s’agisse de startups, de PME ou de grandes entreprises, tous les acteurs économiques locaux et nationaux que je rencontre ne disent pas autre chose. Il faut donc continuer à se battre pour trouver des solutions compensatrices transitoires et pour faire respecter la date de 2027. Au-delà des territoires de l’Essonne et des Yvelines, c’est bien l’attractivité et la compétitivité de notre pays qui sont en jeu ! ”

David Ros

Maire d’Orsay et vice-président à l’Innovation et 
à la Recherche de la Communauté d’agglomération Paris-Saclay

“ L’annonce du report de la réalisation de la ligne 18 entre 2024 et 2027 ne génère évidemment pas un message rassurant pour toutes celles et ceux qui ont décidé de s’installer sur le Plateau de Saclay.
Un projet d’une telle envergure est, de fait, générateur d’incertitudes qu’il s’agit de gérer au mieux, dans la transparence, en s’efforçant de garder le cap, et de confirmer ses ambitions avec des moyens adéquats. Si l’état des finances publiques nécessite de faire des choix, la création d’un pôle de recherche et d’innovation majeur a été définie puis confirmée, depuis de longues années maintenant et à plusieurs reprises, comme une priorité de l’état pour l’avenir de notre pays. Beaucoup d’acteurs de l’enseignement supérieur, de la recherche, de l’innovation, de la sphère économique se sont investis en ce sens. Ce report génère des doutes et beaucoup de questions très pratiques en matière de déplacements auxquels l’état doit apporter des réponses opérationnelles. ”